Relations Automne 2023 / Religion et Société

Réaliste, la belle mort ?
Si les arts chrétiens du « bien-mourir » permettaient aux fidèles d’autrefois d’apprivoiser la mort, on ne peut certes en dire autant aujourd’hui. Pourtant, les exigences de ce bien-mourir continuent d’accompagner notre vision de la mort jusqu’aux soins palliatifs.
Quand on évoque une « belle ou bonne mort », certaines images nous viennent instinctivement à l’esprit : ne pas agoniser, mourir à la maison entouré·e de ses proches, avoir toute sa tête, avoir eu le temps de mettre ses affaires en ordre, pardonner et être pardonné·e, accepter ce qui nous arrive et ne pas avoir peur. Ces images forment un imaginaire collectif très présent dans notre culture. Au cinéma, les scènes montrant des mourant·es qui affrontent la mort avec grâce et sérénité abondent. Pensons, par exemple, à la scène de la mort de la mère dans Forrest Gump, ou encore à celle de Rémy dans Les Invasions barbares. Dans les deux cas, les personnages vivent leur trépas sans broncher, de manière élégante, en ayant même le temps d’exprimer quelques sages paroles aux personnes qui sont témoins de leurs derniers instants. Cette façon de représenter la mort est fort séduisante, mais elle résiste mal à l’analyse. Hérité du christianisme, cet idéal, voire ce fantasme, continue aujourd’hui d’influencer notre imaginaire de la mort.
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