Relations août 2010

Louise Warren

En lisant Ariel

rester ici
attendre
attendre et regarder
respirer doucement
recouvrir mes épaules
équilibrer le froid
il se passera forcément quelque chose
 
que sont devenus
les cerfs
dressés dans la brume
le temps ne recule pas
les vitres les miroirs
retiennent le jour
 
tout se tient sur mes genoux
entre mes pieds
le cœur penché
le corps en arrêt
dans un courant d’air
 
le mot scellée
n’est pas de moi
je l’entends
une suffocation
dans la page de gauche
 
pas de meubles
pas de plantes
pas de couleurs
à peine une lumière blanche
sur le dos
de la poussière sur les vêtements
aller et venir
penser aux yeux des bêtes
à leurs pattes fines
 
leurs sabots dans le trèfle
l’inconnu
 
parfois je suis entourée
d’arbres, de gouttes d’eau
de faïences muettes
 
sous d’épais nuages
un rocher, une maison
 
je suis seule et solide
mon inquiétude
se détache
qu’on la capture
avant qu’elle ne prenne
le visage d’une morte
 
d’un seul coup le silence
l’attente
demande les yeux

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