Relations Automne 2023 / Dossier
À quoi servent les fictions d’apocalypse ?
Les fictions de fin du monde connaissent une grande popularité. Entre révolte et désespoir, utopie et résignation, elles suggèrent des imaginaires qui peuvent dépasser la perspective d’un effondrement. Quelles critiques du présent et quelle puissance politique portent-elles ?
Les discours effondristes prolifèrent depuis une dizaine d’années. Devant l’abondance de fictions littéraires, de films, de séries télévisuelles, mais aussi de discours médiatiques et d’essais de toutes sortes qui annoncent la fin de notre monde, imaginant des désastres inédits ou documentant des catastrophes réelles, une culture de l’apocalypse s’est installée, qui ne dépeint l’avenir que sous ses couleurs les plus sombres. Il est commun de penser que celle-ci porterait au fatalisme et à la résignation devant l’inévitabilité apparente des catastrophes. Mais est-ce bien le cas ? Sommes-nous pour autant plus résigné·es qu’avant ? Certainement pas, mais comment expliquer ce paradoxe ? On peut avancer qu’une fiction ne se réduit pas à son intrigue et qu’elle ne produit pas mécaniquement un affect ou une disposition, car une même histoire peut suggérer des pensées et des sentiments très différents, selon la manière dont elle est racontée.
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